MARTINE DUCLOS PARTAGE :
Médecin endocrinologue et physiologiste, service de médecine du sport, CHU Clermont-Ferrand et directrice scientifique de l’Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité, Clermont-Ferrand.
L’évaluation du dispositif 30 mn d’APQ dans l’académie de Créteil publiée par l’ONAPS
La pratique d’une activité physique régulière et la lutte contre les comportements sédentaires sont aujourd’hui reconnus comme deux enjeux de santé publique. Face à la non atteinte des recommandations établies pour ces derniers, notamment chez les enfants, de nombreuses initiatives émergent.
C’est le cas du dispositif des 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école primaire, qui a fait l’objet d’une étude évaluative commanditée par Paris 2024, avec le soutien du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, du ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse et l’académie de Créteil, et réalisée par l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité.
Un grand merci à Léa Patoux, de l’ONAPS pour cette étude, que nous vous résumons ci-dessous :
Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer les effets perçus, par les enseignants, du dispositif sur eux-mêmes et sur leurs élèves, tirer des enseignements sur les conditions de réussite de sa mise en œuvre au sein du territoire de l’académie de Créteil et émettre des recommandations adaptées aux réalités de terrain.
Pour y répondre, la méthodologie mixte employée associait une phase quantitative par questionnaire auto-administré auprès d’enseignants d’écoles maternelles et élémentaires de l’académie de Créteil (1161 répondants) et une phase qualitative de 20 entretiens semi-directifs auprès d’enseignants d’écoles élémentaires de l’académie. Des analyses statistiques ont été réalisées et l’ergonomie de l’activité a été utilisée afin d’analyser les textes de cadrage du dispositif, la compréhension de ces textes par les enseignants ainsi que les actions mises en place sur le terrain à partir de cette appropriation des textes.
Les données statistiques révèlent que plus de la moitié des enseignants de l’échantillon (56%) mettent en place le dispositif. Cette mise en place est plurielle et variable, tant en termes de formes, de moments, de lieux ou encore de matériels utilisés. La durée moyenne de mise en place s’établit à 26 minutes. Concernant la fréquence, plus de la moitié des enseignants mettant en place le dispositif le font tous les jours. Les lieux les plus plébiscités se trouvent dans l’enceinte de l’école à l’extérieur (cour d’école, préau…).
Pour les moments utilisés, il s’agit davantage des temps hors récréation. Enfin, les activités proposées prennent plus la forme de jeux actifs (jeux traditionnels, ateliers athlétiques) mais on retrouve également des leçons actives et des pauses actives. Par ailleurs, les enseignants perçoivent des effets prometteurs sur leurs élèves et sur eux-mêmes, notamment pour l’amélioration du bien-être des élèves et la réduction de leurs comportements sédentaires, mais aussi concernant l’amélioration du climat de classe ou le transfert d’une pratique à l’extérieur de l’école.
Pour autant, plusieurs freins semblent limiter le déploiement du dispositif : écarts entre les textes de cadrage et leur compréhension par les enseignants (absence de certaines définitions au sein des textes de cadrage, manque de connaissances des textes par les enseignants), manque de temps, de moyens ou encore de formation.
Les résultats obtenus sont encourageants. L’identification des facteurs limitant le déploiement du dispositif, grâce aux données statistiques et à l’analyse de l’activité, ont permis d’élaborer plusieurs recommandations articulées autour de trois axes : la prescription, la compréhension de cette dernière et la mise en place concrète du dispositif sur le terrain. Ces dernières tendent à optimiser le dispositif et à l’adapter à la réalité vécue des enseignants.
Par ailleurs, de nouvelles perspectives de recherche et de développement apparaissent. Des recherches complémentaires, plus larges et avec des échantillons plus représentatifs pourraient être envisagées, également à l’échelle d’autres territoires. De même, l’analyse de l’activité des professionnels en matière d’activité physique pourrait être proposée pour les acteurs du périscolaire.
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